Le monde d'après : Chapitre 3

Que savons-nous de la prochaine crise ?

Antoine Perret  |  19 mai 2020

Infographie

Estimation des prochaines crises supply chain et piste de réflexions : MACS Consulting
Nous avons précédemment évoqué les éléments qui auraient dû nous servir d’alerte. A l’heure des choix, lesquels devons-nous avoir en tête pour anticiper les prochains défis.

1. Le pétrole, nerf de la croissance et des transports

La croissance du 20e siècle s’est faite sur la mise à disposition massive d’une énergie miracle : le pétrole. Pourquoi miracle ? Car elle est énergiquement dense (contrairement au bois), facilement transportable sur de longues distances (contrairement au charbon), et plus simple à stocker que son coproduit, le gaz. Le pétrole a permis la multiplication des échanges de biens et de personne.

Or depuis 2009, nous constatons une chute continue de notre approvisionnement en pétrole. La production mondiale a atteint son maximum en 2006 et la croissance des pays émergents se fait au détriment de notre approvisionnement. Notre faible croissance n’y est pas étrangère. Les nord-américains ont temporairement contourné le problème en raclant les fond de tiroir par des procédés très couteux et polluants (pétrole de roche mère et autres sables bitumineux).

La crise actuelle va in fine amplifier ce manque en stoppant les investissements. Le déséquilibre temporel entre reprise des besoins en pétrole et investissements rentables va générer des oscillations majeures des prix. En France, 92% de l’énergie des transports vient du pétrole. Comment construire un modèle de distribution pérenne si l’une des principales composantes est tiré aux dés toutes les semaines ? Pour anticiper cette incertitude, les meilleurs investissements seront ceux qui amenuisent notre dépendance au pétrole en travaillant d’abord sur réduction des distances parcourues pour s’approvisionner (rapprochement entre producteur et consommateur), ce qui permettra ensuite la abaissement de la consommation au km (allègement et électrification des moyens de transport).

2. Le changement climatique, impact majeur à forte inertie

En matière d’anticipation, quel meilleur exemple que le changement climatique ? Est-il possible, d’annoncer plus en avance une crise ?

Pour les Français à cheval sur les conventions, nous avons tous reçu un carton d’invitation « Save the date » sur nos frigos depuis 2002 et le fameux « La maison brûle et nous regardons ailleurs » du président Chirac.

Et qu’avons-nous fait depuis ? On a principalement installé des climatiseurs et contrôlé que les prédictions pessimistes de 1990 s’étaient bien confirmées 20 ans après. Rien de plus tranquillisant qu’un plan qui se déroule sans accrocs !

Nous connaissons les causes d’émission de gaz à effet de serre (énergies fossiles, déforestation et agriculture intensive), nous connaissons la nature principale des conséquences de rang 1 (multiplication des événements intenses : sécheresses, canicules, inondations…) et de rang 2 (perte de biodiversité, baisse des rendements agricoles, guerre pour les ressources, migrations et pandémies…). Et nous avons même établi que s’attaquer aux causes était de 10 à 50 fois moins couteux que de pallier les conséquences.
Dans un monde limité, nous ne pourrons pas alimenter indéfiniment la croissance par une production neuve venue de l’autre bout du monde.

La prise de conscience a été lente, mais elle est majeure dans la génération montante des 20-40 ans qui font évoluer massivement leurs habitudes de consommation (refus des emballages, do-it yourself, location et occasion plutôt qu’achat de produits neuf). Si vous ne le prenez pas en compte dès la conception de vos produits, vous vous coupez de la majorité de vos clients demain.

3. Les capacités de financement et d’investissement, contractions à venir

Dernier point, souvenez-vous du monde d’avant… c’est-à-dire il y a 3 mois. Le déficit public limité à 3% du PIB était la vertu cardinale. Depuis, les recettes fiscales ont plongé et les dépenses de soutient explosé. Encore un petit gout de 2009.

Que s’était-il passé ensuite ? Une crise de la dette d’État qui a failli faire craquer l’Euro. Le plan de relance rapidement passé, les dépenses d’investissements des États et des entreprises ont été contraintes en rognant sur tout ce qui aurait été à même de servir de filet de sécurité.

Le temps, les ressources physiques et financières nous sont comptés. C’est pourquoi il faut investir dès aujourd’hui pour rendre plus résilients et flexibles nos modèles de production et de distribution.

Une réévaluation des risques doit nous conduire à revoir nos organisations industrielles et créer de nouveaux modes de management pour préparer l'avenir

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