Le monde d'après : Chapitre 2

Et maintenant, comment redémarre-t-on ?

Antoine Perret  |  12 mai 2020

Infographie

MACS Consulting : Actions de redémarrage court-terme post-crise
Une difficulté de tout chef d’entreprise ou manager est de s’organiser pour animer dans la durée deux fronts parallèles : le court terme et le long terme.
La crise du Covid-19 est là. Ses conséquences ont pris nombre d’entreprise par surprise, et sont loin de s’être toutes révélées. Et une rechute n’est pas à écarter. Avant de parler de préparer la prochaine crise, quelques conseils pour sortir de l’actuelle ne seront pas superflus. Sur un plan supply-chain, que doit-on prioriser pour faciliter le redémarrage ?

1. Ouvrez des canaux directs avec vos clients.

Huit semaines après la ruée vers le papier toilette, mon supermarché habituel ne propose plus que des maxi paquets de 12 à 24 rouleaux d’entrée de gamme. En attendant pour retrouver l’habituel pack de 4 recyclé, je suis allé faire mes courses ailleurs… Vous pouvez espérer que les besoins de vos clients seront exactement les mêmes qu’avant. C’est probablement vrai. Le contraire l’est tout autant. Plutôt que de prendre des décisions sur des suppositions, revalidez les réelles priorités de vos clients.

2. Gardez un contact régulier avec vos fournisseurs

La précipitation de la fermeture et le blocage des commandes pour tenter de préserver la trésorerie ont mis en pause la communication avec vos fournisseurs. Ils sont touchés comme vous : leurs fournisseurs ont également été bloqués, une partie de leur personnel toujours absent pour cause de garde d’enfant, ils ont coupé des commandes et des intérims pour protéger la trésorerie.
Vous ne pouvez pas prendre comme hypothèse qu’ils redémarreront à volumes, délais et qualité identiques. Mieux vaut l’intégrer pour protéger vos besoins prioritaires

3. Priorisez vos besoins et reprenez la main sur vos systèmes pour leur exécution

Les supply-chain ont subi des à-coups. Votre ERP ne lit pas les Echos, ses DRP et MRP qui calculent vos besoins vont continuer de réagir comme hier. On connaît les conséquences du bullwhip effect, elles sont encore plus désastreuses lorsque les capacités sont fortement contraintes et qu’un remplissage de stock inutile va se faire au détriment du dernier manquant pour finir un assemblage. Il y a des priorisations à définir et clairement communiquer. C’est le moment où l’humain est meilleur que les systèmes seuls.

4. Re-paramétrez votre supply-chain

La moitié des données d’entrées utilisées par votre système sont maintenant fausses. Les capacités de vos usines et de vos fournisseurs ont changé. Les délais démontrés d’approvisionnement et de production ne sont plus valables. Vos stocks de sécurité ne sont plus que dans 2 catégories : trop faibles pour amortir les incertitudes ou trop élevés vu l’effondrement long-terme de la demande. La première vague passée, c’est le moment de revoir l’ensemble des paramêtres pour être sûr que votre système recommence à vous aider plutôt qu’à enchainer les mauvaises décisions.
Si vous pensez que c’est titanesque, ayez une petite pensée pour nos amis de l’aéronautique qui ont enchainé en à peine 1 an : montée de cadences infernales pour les moyens courriers, puis gel de la moitié des volumes avec le Boeing 737, suivi par début d’accélération d’Airbus pour compenser sur l’A320, pour finir par un freinage à minima d’un tiers par Airbus qui nous ramène au moins 5 ans en arrière.

5. Identifiez les alternatives possibles

Maintenant que vous avez reconnecté avec la situation de vos clients et vos fournisseurs, et que votre SI de planification a retrouvé un semblant de pertinence sous l’œil vigilant de vos équipes, vous êtes à même d’identifier ce qui va réellement coincer. C’est là qu’il faut travailler les plans B et autres alternatives pour limiter les dégâts. A la maison, faute de mieux, on coud des masques en tissus. En entreprise c’est le moment où l’on rappelle ce fournisseur local mis de côté car il refusait la baisse de prix de 1% par an. Et si elle existe encore, on réactive l’ancienne machine condamnée car moitié moins rapide. En situation de crise, 1 + 0,5 fait beaucoup plus que 1 !

6. Remobilisez les équipes pour investir sur le moyen-terme

Malgré tout, la situation va durer. Tout le monde ne reviendra pas en poste pour relancer 100% de l’activité en mai. Du coup ne serait-ce pas le moment de faire travailler les équipes sur l’important qui n’était pas urgent ? Le site internet a besoin d’être étoffé ? Le plan de formation a pris la poussière ? Et cette nouvelle offre client qu’on évoque depuis 2 ans ? Un concours interne sur le nouveau produit à lancer ?
Ces quelques exemples sont issus de notre expérience de la crise de 2008-2010 et du redémarrage qui a suivi. Ils ont parfaitement fonctionné à l’époque. Mais avec le recul, tout heureux d’être revenus à la situation antérieure, nous avons manqué l’opportunité de mieux nous préparer pour les défis suivants.

Nombres d'actions sont dictées par le court-terme.
Ne seront-elles pas encore plus pertinentes si nous avons déjà en tête les défis de demain ?

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